Run and Cyclathlon
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Cartes Pokémon EV6.5 : où trouver le ...
Voir le deal

Une expérience de marathon.

2 participants

Aller en bas

Une expérience de marathon. Empty Une expérience de marathon.

Message  Looping Ven 7 Mar - 23:14

Marathon, Alain, Ahmed, et le numéro 15562


Une expérience de marathon.




Une expérience de marathon. 1141504294
Le premier Dimanche matin d’Avril, tous les ans se dispute le marathon de Paris.

Le départ a lieu à 9 heures non loin de l’Arc de Triomphe. Mais cela pourrait être ailleurs, ça n’a pas une grande importance. Le thème reste toujours le même, faire parcourir à son corps et à son cerveau les 42 kimomètres et 195 mètres que comporte l’épreuve. De Champs-Elysées à l’Arc de Triomphe. La traversée de Paris dans les deux sens, et les deux Bois qui l’entourent. Voyage circulaire qui fait revenir les concurrents vers le point de départ, expérience existentielle peut-être.


Environ 21 000 personnes sont présentes ce jour-là. Des hommes beaucoup, des femmes, des jeunes, des vieux surtout... Et le dossard 15562 au milieu de tout ça. Il est là comme les autres dans cet endroit, avec
ses motivations, ses questions, ses réponses qu’il n’attend plus. Que sont-ils venus chercher en venant ici, ce matin là?


Ce n’est plus le temps d’y penser, un coup de pistolet et c’est parti. En groupe et dans la bonne humeur. En route pour la joie. Dieu que Paris est joli le dimanche matin, même s’il fait gris. Le temps est idéal pour la course à pieds. Ils sont tous heureux, serrés, tranquilles, le dossard 15562 pose son rythme. Il a prévu de faire 3 heures, c’est-à-dire un rythme de 4 minutes par kilomètre, c’est-à-dire 14 kilomètres heure...pendant 3 heures. Il s’est bien entraîné et cette longue ballade dans la capitale est fort agréable, l’atmosphère est festive, avec tout ses amis, qui sont tous venus comme lui, avec leurs envies, leurs raisons. Tout va bien, il suit son rythme, sans même utiliser de montre. Il l’a perdu. Peu importe, il maîtrise son corps, sa tête, et respecte à la seconde prêt ses temps de passages, affichés tous les 5 kilomètres sur une borne. Il a même accéléré un peu.
Et passe la première moitié de la course en exactement une heure trente. Il maîtrise. Il est bien, dans sa course, dans son rythme, dans sa concentration. Il goûte à la liberté et à la joie de la course à pieds,
celle où la tête et le corps ne font qu’un, où tout l’être se meut harmonieusement. Il n’a d’autres buts que celui de garder sa cadence.
Et sa respiration saccadée, régulière, 2 inspirations; 2 expirations. C’est la première fois qu’il court aussi longtemps. La première moitié est achevée. Il est dans le Bois de Vincennes, il revient vers Paris.


Au kilomètres 23, il s’arrête quelques instants pour satisfaire ses besoins, et constate que sa jambe gauche flageole de manière inquiétante. La tête ne maîtrise plus le corps. Et il reste 19 kilomètres. Le vainqueur kénian en a presque fini de sa course que lui, il va la commencer. Il comprend indistinctement les propos de Pascal Fetizon : «L’avantage d’un premier marathon, c’est qu’on ne sait pas ce que c’est.» Il a juste le pressentiment que ça va être dur maintenant. Pourquoi il est arrivé là? Il a vu une vidéo d’Alain Mimoun, gagner à Melbourne en 1956 sous la canicule, et l’image du Djiboutien Ahmed Salah, allant tout au bout de lui-même, à Barcelone, en 1992, s’écroulant à l’arrivée. Il est venu pour ça, connaître cela. L’expérience de la limite. Explorer ses ressources mentales et physiques. Crever, avoir mal, renaître. Bref; se connaître un peu mieux.

Il tente de maintenir le rythme, mais il ne peut plus, et ralentit quelque peu l’allure, 13 kilomètres heure peut-être. Puis 12 certainement. Les kilomètres sont longs maintenant, et il en reste encore trop. Le compte
à rebours a commencé. La tête ne pense plus qu’à la prochaine borne kilométrique qui n’arrive jamais, le prochain ravitaillement tous les 5 kilomètres. Une éternité.

Au kilomètre 28, il y a le second tunnel, tout noir, une pente à 5 %, qui ne finit jamais. C’est son Golgotha à lui. C’est peut-être là qu’il est cassé. Qu’il réalise que ces 85 kilos, ce physique de sprinter, à mi-chemin entre le démennageur et la seconde ligne de rugby n’a pas été conçu pour la course à pieds, pas aussi longtemps, qu’il est beaucoup trop jeune pour ce genre d’efforts, que sa préparation n’a peut-être pas été si parfaite.

Il finit quand même par sortir de ce tunnel. Maintenant, il faut tenir. En haut il y a le ravitaillement du kilomètre 30. Plus tard il apprendra, qu’il a eu une fringale. Il marche les 200 mètres de cette pause et avale tout ce qu’il peut au passage. Prend des poignées et des gorgées d’a peu près tout, bananes, oranges, raisons secs, citrons, des litres de boissons énergétiques. Tout ce qui peut passer. Entre Gargantua et La Grande bouffe.
Il reste 12 kilomètres. Pendant qu’il bouffe et qu’il marche, il ne pense plus au moins. C’est déjà beaucoup. C’est pour ça aussi qu’il est là, pour ne plus penser.

Il continue, il faut être un peu masochiste pour être venu ici, alors qu’au même moment commence Télé-foot
à la télévision. Ou peut-être justement que non, c’est l’inverse. Il ne sait plus trop à ce moment, après quand tout sera fini, il comprendra.


Car sa course consiste maintenant à essayer de ne plus penser au mal, détourner ses pensées, attendre la prochaine borne kilométrique qui n’arrive jamais. Le temps devient très relatif. Très long surtout. La solitude du coureur de fond?

C’est juste sa volonté qui le fait tenir, l’orgueil aussi, il sait qu’il n’abandonnera pas, il ne sait pas non plus comment il peut y arriver. Ne pas s’arrêter, ne pas sombrer dans le ridicule, ça l’est déjà assez comme ça. Il est entré dans un autre temps. Un autre effort, celui de la souffrance physique. Celui où chaque foulée effectuée devient une raison, une satisfaction en soi. Il est comme les autres, il finira avant, après. Il court contre lui-même, contre la normalité, l’accoutumance, la finitude. Des trucs à régler.

C’est pour ça qu’il est venu, qu’il a arrêté la clope depuis 3 mois, martyrisé son corps, pour ne plus se torturer le crâne, bu quelques bières le soir pour favoriser la récupération, après l’entraînement. Chacun à ses raisons d’être là. Le chronomètre n’a plus d’importance. Il faut en finir. Si quand même le chronomètre, plus il ira vite, plus vite il en aura terminé. Mais il peut plus beaucoup. Il est dans son paradoxe.

Avec son maillot rouge, en nylon, celui de la Tchéquie en football, il ne ressemble plus à grand-chose le dossard 15562.

Il entre dans son enfer. Il tient. Quelques images resteront. Il entend une voie, à côté: «Vas-y Michel, c’est comme ça que je t’aime, dans la souffrance.» Une autre fois il marche, une autre voie: «Allez il faut repartir!!» Ca lui fait du bien qu’on l’encourage. Du coup, il continue. Même s’il ressemble davantage à un bovin maintenant qu’à un athlète.

Il a dépassé les 2h30 d’efforts, rentre dans un monde inconnu, celui où le corps utilise des ressources insoupçonnées, fabrique des dérivés morphiniques même, dont il mettra du temps à se remettre. Enfin, c’est
ce qu’il a lu.

A force de ne pas s’arrêter, de suivre sa route, les kilomètres finissent par passer. Kilomètre 35...36...A un moment, il tourne la tête à droite, à gauche, regarde le visage des autres, comprend qu’il n’est plus seul. Ca le rendrait presque heureux de se voir se traîner au milieu des autres. Un dossard parmi les autres. Un homme parmi les hommes tant qu’on y est. Les derniers kilomètres sont les plus exquis et les plus durs. La rupture n’est pas loin pour la plupart. L’extase non plus. On est dans le Bois de Boulogne, une route pas très belle
dans le Bois en fait. Les derniers kilomètres. Il n’y a pas beaucoup de monde pour encourager dans ce bois, pas beaucoup sur ce marathon en fait.



Que se passe-t-il au quarantième kilomètre, alors qu’il n’avait plus de forces, et qu’il était à l’agonie depuis plus d’une heure? Il retrouve subitement du souffle et des jambes. Accélère. Il ne sent plus ses 85 kilos, il est aérien, il vole presque. Abebe Bikila. C’est pour ça qu’il était venu aussi, connaître ce moment de grâce, il ne ressent plus la douleur, il est libre, et dépasse tout le monde, sait qu’il va y arriver maintenant. Pas longtemps cependant, il se retrouve à terre, foudroyé par une crampe, s’en même s’en rendre compte. Un autre dossard
s’arrête, lui sert la jambe gauche, la douleur se transmet automatiquement à la jambe droite, même processus. Il se relève, repart, il sait qu’il a gagné.

La ligne d’arrivée est au bout de son champ de vision. Quelques centaines de mètres. C’est un sentiment très étrange; l’accomplissement des efforts d’un coup, le bonheur ultime, et derrière; plus rien sûrement, le vide. Tout ça pour en arriver là. Il va vite maintenant, beaucoup d’images arrivent, du pourquoi il a fait ça, ses raisons à lui, il ne lève plus beaucoup les jambes car il tomberait. Il franchit la ligne et lève les bras. Il a gagné le marathon.

Avec les autres et contre lui-même

Looping

Nombre de messages : 177
Humeur : compétiteur
Date d'inscription : 20/02/2008

Revenir en haut Aller en bas

Une expérience de marathon. Empty Re: Une expérience de marathon.

Message  patjemate Sam 8 Mar - 23:16

Oui c'est vrai ! il y a un peu de tout cela... Smile Crying or Very sad Shocked Sad Mad Very Happy

A quand ton marathon looping?!
patjemate
patjemate

Nombre de messages : 37
Age : 52
Date d'inscription : 18/02/2008

Revenir en haut Aller en bas

Une expérience de marathon. Empty Re: Une expérience de marathon.

Message  Looping Dim 9 Mar - 12:02


Une expérience de marathon. PlumeUn
nouveau concept d'endurance





    Le marathonien qui court entre 2h10 et 3h15, utilise comme principal carburant durant sa course, du glycogène musculaire et hépatique. Il peut, s'il est mal préparé, si sa course est mal gérée, ou si son
    aptitude à stocker du glycogène lui fait défaut, connaître l'épuisement complet de cette source d'énergie et "frapper le mur". Cet état peut survenir aux environs de 30 à 35km, sa vitesse chute alors brusquement de 3 à 5 km/h, et sa fin de course devient très pénible. Combien de marathons ont-ils été perdus à quelques kilomètres de l'arrivée?
    Paradoxalement, le coureur de 100km qui sait garder une vitesse régulière tout au long de sa course, ne connaît pas ce mur: la raison en étant qu'à vitesse moindre sa principale source d'énergie est tirée du métabolisme des graisses. Il arrive donc au terme des 100kms avec son stock de glycogène fortement entamé, certes, mais pas épuisé.
    Les coureurs de 20km et moins ne connaissent pas non plus cet état d'épuisement; la durée de la course n'étant ici pas suffisante pour créer une déplétion totale des stocks de glycogène préalablement
    constitués.
    Le marathon est donc une compétition tout à fait originale, et le marathonien doit posséder des qualités physiologiques spécifiques qui ne sont pas forcément les qualités que l'on demande à un coureur de 100km ou de 20km: paradoxalement, un bon coureur de 20km peut n'être qu'un piètre marathonien, mais un bon cent bornard, et ceci dans la plupart des cas sans le savoir, car peu nombreux seront ceux qui, après avoir essuyé un échec lors de leur premier marathon, oseront tenter l'aventure sur 100km.C'est un tort! car un organisme peu enclin à stocker de grosses quantités de glycogène, peut par contre très bien fonctionner en utilisant efficacement ses graisses, source d'énergie quasi inépuisable, et en tout cas suffisante pour courir plusieurs marathons d'affilée...

    Un nouveau concept d'endurance.
    Nous avions jusqu'à présent défini 4 aptitudes physiques pouvant être améliorées par l'entraînement: l'endurance, la résistance, la force et la vitesse; l'endurance étant la capacité à soutenir un certain pourcentage de sa consommation maximale d'oxygène (vo2max) sur des distances supérieures à 3000m. Son évolution en fonction de la distance est donnée Fig.2 (courbe verte). La baisse du % de vo2max est due à la baisse des réserves de glycogène d'une part, et à la capacité à brûler efficacement les graisses d'autre part. Ces 2 types d'endurance que nous appellerons endurance "glycogène" et endurance "pure" s'ajoutent pour former l'endurance "globale". Le graphique montre l'importance relative de ces 2 types d'endurance en fonction de la distance de compétition: nous constatons que pour 40km le déficit en glycogène (rouge) représente 10%, le déficit endurance pure(bleu) 25% qui font 35% qui est l'endurance globale(vert).


Une expérience de marathon. Fig2%7E1


    Il résulte de ceci, que l'entraînement spécifique du marathonien sera différent de celui du cent bornard, dans le sens où il devra plutôt effectuer des séances longues en y incluant des fractions rapides de
    façon à épuiser sélectivement ses réserves de glycogène en vue d'une surcompensation de celui-ci au fil des entraînements. Il en va de même en matière de préparation diététique à la compétition, où il sera peut-être conseillé au coureur de marathon de suivre le Régime Dissocié Scandinave alors qu'il sera inutile pour le coureur de 100km.

    Claude Crestetto

Looping

Nombre de messages : 177
Humeur : compétiteur
Date d'inscription : 20/02/2008

Revenir en haut Aller en bas

Une expérience de marathon. Empty Re: Une expérience de marathon.

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser